Le pays d’Alassane Ouattara affronte en ce moment une recrudescence d’attentats terroristes dans le nord de son territoire, et a besoin, plus que jamais, d’unité nationale, afin de lutter contre la menace djihadiste. Le retour de l’ancien président Laurent Gbagbo au pays, dans un climat plutôt apaisé, est le signe d’une réconciliation en marche, sans laquelle rien n’est possible dans un pays menacé à ses frontières.
Dix ans après avoir quitté le pays et trois mois à peine après son acquittement définitif de crimes contre l’humanité par la justice internationale, Laurent Gbagbo est de retour en Côte d’Ivoire, après que le président de la République, Alassane Ouattara, a donné son accord à cet ancien opposant au nom de la « réconciliation nationale ». Un « message fort » de la part du chef de l’État, comme l’a précisé le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ancien président ivoirien (2000-2011) qui revient, selon ses proches, sans esprit de vengeance, mais plutôt pour participer à l’effort de « réconciliation nationale ».
Le retour de Laurent Gbagbo, meilleur ennemi d’Alassane Ouattara
Laurent Gbagbo (76 ans) avait été arrêté en avril 2011 et déferré à La Haye (Pays-Bas), à l’issue de la crise post-électorale qui avait secoué la Côte d’Ivoire pendant plusieurs mois et fait quelque 3 000 morts, après que celui-ci avait refusé de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Si certaines victimes réclament toujours réparation, les soutiens de Gbagbo l’affirment sereinement : l’ancien président n’est pas là pour raviver les mauvais souvenirs.
La paix et la stabilité politique sont plus que nécessaires en Côte d’Ivoire, déjà embarquée dans une lutte sans merci contre le terrorisme dans la région – et à l’intérieur de ses frontières. Le président français, Emmanuel Macron, à la veille du sommet du G7 en Angleterre, a annoncé la fin de l’opération « Barkhane » au Sahel, qui n’est « plus adaptée à la réalité des combats » selon lui. A la place, une «alliance internationale associant les États de la région» sera mise en place pour poursuivre la lutte contre le terrorisme et les groupes djihadistes.
Inauguration de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT)
Emmanuel Macron, de concert avec Alassane Ouattara, avait à ce titre officialisé la création de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), en 2017, inaugurée le 10 juin dernier, à Jacqueville (près d’Abidjan), en présence du Premier ministre et du ministre de la Défense ivoiriens, Patrick Achi et Téné Birahima Ouattara, ainsi que du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. D’une superficie de 1 100 hectares, les trois bâtiments de l’Académie permettront d’accueillir «trois stages de formation de 25 stagiaires», afin d’aider au combat contre les djihadistes en Afrique de l’Ouest.
«L’AILCT doit devenir un pôle d’expertise et de compétence régional de la lutte contre le terrorisme au bénéfice de la stabilité de nos États et de la sécurité de nos populations», a déclaré à cette occasion Alassane Ouattara. «L’AILCT sera l’avant-garde de la riposte d’une Afrique de l’Ouest libre et consciente, spécialement entraînée et irrémédiablement déterminée» à lutter contre les djihadistes et tout acte de terrorisme dans la région, a ajouté Patrick Achi. L’Académie, selon le chef de la diplomatie française, devrait accueillir et former «policiers, militaires, gendarmes, magistrats ou encore douaniers», et constituer « un lieu d’échange » afin de « mettre en commun » les expériences et « tisser des réseaux ».
Trois jours avant l’inauguration de l’Académie, un soldat ivoirien a été tué, dans le nord du pays, après une attaque djihadiste, la troisième en un peu plus de deux mois dans la région septentrionnale ivoirienne, à quelques kilomètres de la frontière burkinabée, qui commence à voir affluer les groupes terroristes. Afin d’éviter que les populations ne soient tentées par l’«aventure» djihadiste, l’unité nationale et la lutte contre le terrorisme en Côte d’Ivoire deviennent, plus que jamais, un impératif.
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