Pour promouvoir la sécurité de son pays, le Président Abdel Fattah Al-Sissi inaugure samedi dernier sa plus grande base navale et confirme son soutien aux forces du maréchal Haftar, « l’homme fort de l’Est de la Libye ».
La plus grande base navale inaugurée
Le président égyptien continue de joindre le geste à la parole. Samedi 3 juillet, Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré une base navale située à moins de 150 km de la frontière libyenne. Il s’agit de la plus grande base militaire navale égyptienne et de la troisième construite par l’Égypte en Méditerranée et en mer Rouge au cours des cinq dernières années.
Ses objectifs : renforcer la sécurisation du canal de Suez, assurer la sécurité maritime, prévenir les tentatives de migration clandestine, préserver les capacités économiques du pays, maintenir la sécurité maritime, mais aussi (et peut-être surtout) sécuriser le pays dans la direction stratégique nord et ouest.
Cela fait en effet des années que Le Caire cherche à renforcer les frontières nationales, en particulier celle qui s’étend sur 1 000 kilomètres de désert entre l’Égypte et la Libye. « La frontière égypto-libyenne constitue depuis longtemps une menace pour la sécurité intérieure égyptienne. Des armes et des combattants traversent la frontière et rejoignent le Sinaï, où officie une autre branche de l’État islamique », analysait le politologue Hassan Nafaa déjà en 2015.
D’où la nécessité de cette nouvelle base. Baptisée « 3 juillet », elle est construite sur une superficie de 10 millions de mètres carrés dans la zone de Jarjoub, sur la côte méditerranéenne. Elle comprend 74 installations militaires, des terrains d’entraînement, une piste d’atterrissage, un centre d’opérations équipé des derniers systèmes technologiques et un autre pour les exercices militaires conjoints (que le pays multiplie avec de nombreux partenaires, notamment les États-Unis, la Russie, l’Italie, la France, les Émirats, le sultanat d’Oman et le Soudan).
« Efforts et sacrifices de l’armée libyenne »
Le président égyptien ne ménage pas ses efforts dans la sécurisation de ses frontières. En juin dernier, il a renouvelé « son plein soutien au Conseil présidentiel libyen et au Gouvernement d’unité nationale dans le rétablissement de la sécurité et la stabilité libyennes et l’organisation d’élections générales en décembre prochain comme prévu ».
Al-Sissi rappelait ainsi son attachement au principe de la préservation de l’unité des territoires libyens et le rejet de l’ingérence étrangère. Quelques jours plus tôt, le président égyptien adressait un message au maréchal Khalifa Haftar par l’intermédiaire du chef du service des renseignements généraux, le général Abbas Kamel. Il louait ainsi « les efforts et les sacrifices de l’armée libyenne pour parvenir à la stabilité et lutter contre le terrorisme », soulignant également que l’institution militaire devait jouer « un rôle-clé pour protéger les intérêts du peuple libyen et sécuriser les prochaines échéances électorales ».
Le maréchal Haftar n’avait quant à lui pas manqué d’exprimer sa « profonde appréciation à l’intérêt qu’accorde le président Sissi à la Libye, ainsi que le rôle primordial que joue l’Égypte pour y établir la stabilité ». Le soutien affiché à l’homme fort de l’Est libyen n’est pas surprenant. Il vient « de l’espoir que le maréchal Haftar puisse assurer une frontière commune sûre et stable ». Une préoccupation manifestement partagée par l’ensemble des dirigeants du pays.
L’Egypte ne restera pas « inerte » face à une menace sur la sécurité de la Libye
En juillet 2020, le Parlement égyptien a en effet approuvé à l’unanimité l’envoi « d’éléments de l’armée égyptienne dans des missions de combat hors des frontières de l’État égyptien pour défendre la sécurité nationale égyptienne ». Si la Libye n’était pas explicitement citée, elle était dans tous les esprits. Les députés avaient notamment discuté des « menaces auxquelles fait face l’État » à l’ouest.
Quelques jours auparavant, le 16 juillet, M. Sissi déclarait lors d’une rencontre avec des représentants des tribus de l’Est libyen que son pays ne resterait pas « inerte » face à une « menace directe » sur sa sécurité nationale et celle de la Libye.
Un mois plus tôt, dans un discours prononcé à l’occasion d’une tournée dans la région militaire occidentale de l’Égypte, le président avait également évoqué « le droit de l’Égypte à la légitime défense fondée sur la légitimité internationale ».
Une menace voilée ? Pour Ahmed Kandeel, expert en relations internationales au Centre Al-Ahram du Caire, le message visait à indiquer que le président était soucieux qu’un nouveau foyer de terrorisme en Libye ne se forme. En 2020, les forces du GNA, qui étaient pourtant en mauvaise posture, ont finalement remporté des victoires militaires grâce à l’appui de la Turquie. Une situation qu’Abdel Fattah Al-Sissi ne souhaite manifestement pas voir se reproduire.
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