Le tourisme mondial a connu en 2021 une très légère reprise par rapport à une année 2020 historiquement catastrophique. Cependant, d’après le Baromètre de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) récemment publié, les arrivées de touristes internationaux sont encore largement inférieures à celles de 2019. Les différences entre les continents demeurent marquées, certaines destinations souffrant plus que d’autres, en fonction des restrictions aux voyages imposées et des taux de vaccination très disparates.
En conséquence de la pandémie de Covid-19 et des restrictions radicales imposées aux déplacements, 2020 a été la pire année de l’histoire du tourisme jamais enregistré par l’OMT. L’année dernière a vu chuter de 74 % les arrivées internationales. Les destinations ont reçu environ 1 milliard de voyageurs en moins. Cela a représenté selon l’organisation des Nations Unies « une perte de recettes d’exportation de 1.300 milliards de dollars ». La crise qui s’est perpétuée en 2021 menace directement 100 à 120 millions d’emplois directs.
Un autre rapport publié par la CNUCED, prenant en compte les impacts directs et indirects de la baisse du tourisme, a quant à lui estimé les pertes à 2.400 milliards de dollars en 2020. Pour 2020 et 2021 ces pertes s’élèveraient à 4.000 milliards pour le PIB mondial. Toujours selon ce rapport, cette crise du secteur entraînerait en moyenne une hausse du chômage de 5.5 %.
En réaction à une telle catastrophe reconductible, le secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili déclarait en juin dernier : « Le tourisme est une bouée de sauvetage pour des millions de personnes. Faire progresser la vaccination pour protéger les communautés et soutenir un redémarrage en toute sécurité du tourisme est essentiel pour la reprise du travail et la génération de revenus bien nécessaires, en particulier dans les pays en développement, qui sont pour beaucoup fortement dépendants du tourisme international.»
Un reprise légère et inégale
2021 a connu un léger frémissement par rapport à l’année précédente, avec une hausse de 4 % des arrivées internationales (415 millions contre 400 auparavant). Les chiffres demeurent 72 % inférieurs à ceux de 2019. D’après la dernier numéro du Baromètre OMT, « l’augmentation des taux de vaccination, conjuguée à l’assouplissement des restrictions sur les voyages grâce au renforcement de la coordination et des protocoles transfrontières, a permis de libérer la demande comprimée ». Les analystes précisent en ce mois de janvier que l’ampleur de l’impact du variant Omicron reste à déterminer.
A cause de ce dernier, « le rythme du redressement demeure lent et inégal d’une région du monde à une autre en raison des différences en ce qui concerne les restrictions sur la mobilité, les taux de vaccination et les niveaux de confiance des voyageurs. » L’Europe et les Amériques ont enregistré les plus fortes augmentations, +19 et 17 % respectivement. L’Afrique a elle connu une hausse de 12 %. Au Moyen-Orient les arrivées ont par contre reculé de 24 %. Quant à l’Asie-Pacifique, « les arrivées étaient encore de 65 % en dessous des niveaux de 2020 et de 94 % inférieures aux chiffres d’avant la pandémie, de nombreuses destinations restant fermées aux voyages non essentiels. »
En 2021 certaines destinations ont su tirer leur épingle du jeu. C’est ce qu’analyse une étude de l’agence spécialisée ForwardKeys citée par Air Journal selon laquelle « les principales destinations de loisirs, en particulier pour les vacanciers américains, ont grimpé en flèche ». Si la tête de liste du classement n’a pas changé, des villes comme Dubaï, Istanbul et Cancún ont su profiter de la crise pour recevoir significativement plus de voyageurs en manque de dépaysement… et de frontières ouvertes.
Bonnes nouvelles du Mexique et perspectives mondiales pour 2022
Le Mexique, qui a persisté à ne jamais fermer ses frontières aux touristes vaccinés ou non, dore son emblème de destination aussi ensoleillée qu’accessible. 7e destination touristique mondiale avant la pandémie, le pays s’est hissé à la 3e place en 2021. Certaines plages mexicaines n’ont jamais été autant visitées qu’au cours des mois passés, et elles continuent d’accueillir une foule de jeunes voyageurs venus essentiellement d’Amérique du nord et d’Europe. Beaucoup d’entre eux ne sont pas près d’oublier l’accueil et reviendront sans doute. Malgré cette politique pro-tourisme à contre-courant, le Mexique a lui également souffert d’une baisse significative du nombre de visiteurs étrangers, dont le nombre est passé de 45 millions en 2019 à 31 millions de 2021. Un choc amorti pour un pays qui dépend autant du tourisme que du pétrole, et qui marque la différence par rapport au choc brutal subi par d’autres.
Les perspectives de l’OMT pour 2022 ne sont ni bonnes ni mauvaises. Au-delà des premiers mois de l’année ternis par le variant Omicron, l’organisation anticipe un rebond du tourisme mondial. Les scénarios tablent sur une croissance des arrivées par rapport à 2021 s’échelonnant de 30 à 78 %. Toutefois, 64 % des experts de l’OMT estiment que le retour au niveau de 2019 n’aura pas lieu avant 2024. Une reprise qui avancera plus rapidement dans les pays où le taux de vaccination est élevé, soulignent-ils.
Cette semaine l’OMT s’est en outre réjouie de l’appel lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en faveur de la levée ou de l’assouplissement des restrictions sur les voyages, jugées inefficaces. M. Pololikashvili a également préconisé « de ne pas faire du statut vaccinal la seule condition qui permette le retour des touristes, surtout quand on voit à quel point les taux de vaccination restent inégaux ».
Gaëtan Mortier
Source du graphique : UNWTO.org
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