La Côte d’Ivoire renforce son arsenal antiterroriste

La Côte d’Ivoire renforce son arsenal antiterroriste

Le risque terroriste se développe en Côte d’Ivoire, dont les régions frontalières avec le Mali et le Burkina Faso sont de plus en plus touchées par le djihadisme sahélien. Face à ce phénomène, l’état ivoirien a déployé plusieurs outils économiques et sécuritaires pour renforcer sa présence dans les territoires touchés par ce fléau.

 

Le développement de l’insécurité dans le nord, un phénomène tant économique que sécuritaire

 

Depuis plusieurs années désormais, les régions frontalières septentrionales sont devenues synonymes d’insécurité. Les habitants du Bounkani, du Tchologo, du Poro, de la Bagoué, du Kabadougou et du Folon ont appris à mener leur vie au rythme des attaques de plus en plus régulières de bandes organisées qui traversent la frontière pour piller les localités et attaquer les forces armées.

Lors de ses vœux à la Nation 2022, Alassane Ouattara a fait de la lutte contre le terrorisme le cœur de son discours, promettant un renforcement de la présence militaire aux frontières du nord et de l’est, et un approfondissement des synergies avec les forces du G5 Sahel, qui opèrent dans la région.

Pour ce faire, la présidence a annoncé plusieurs programmes ambitieux ; d’une part, les forces de sécurité ont été dotées d’une Académie Internationale de lutte contre le terrorisme, qui a déjà formé 500 militaires, policiers, gendarmes et magistrats qui devront constituer l’ossature de la lutte contre les mouvements extrémistes sahéliens. D’autre part, des programmes économiques dans le nord du pays, capables d’offrir à la population une alternative aux mouvements terroristes.

 

Un plan de développement local pour soutenir la jeunesse

 

Car désormais, c’est la jeunesse qui est le cœur du combat pour la sécurité dans le nord du pays, un enjeu dont les autorités semblent avoir pris la mesure. « Nous savons tous que la cause profonde de la plupart des crises et de l’instabilité dans notre sous-continent est l’oisiveté », déclarait le Premier ministre lors d’un discours à Tougbo, dans le nord du pays, le 22 janvier. Un phénomène qui « pousse certains jeunes gagnés par le désespoir, attirés par le mirage des guerres faciles, à des actes de déstabilisation », soulignait-il.

Pour les autorités, le temps est venu de sortir du cercle vicieux de l’insécurité dans ces régions périphériques, faisant fuir les investisseurs et prévenant toute possibilité de développement.

Refusant de céder au pessimisme, la primature a annoncé l’investissement de 3 200 milliards de francs CFA sur trois ans au sein du 2e Plan Social Gouvernemental dit PSGouv2. Destiné à tous les jeunes de la Côte d’Ivoire, ce programme financera emplois, formations et apprentissage afin de favoriser le développement d’opportunités sur l’ensemble du territoire ivoirien.

Ce plan est l’aboutissement de l’alliance de l’effort militaire et du développement défendu par le gouvernement, afin d’accompagner les jeunes ciblés par les mouvements terroristes vers de nouvelles opportunités. 32 milliards de francs FCFA seront ainsi exclusivement dédiés aux six régions frontalières, afin d’encourager les initiatives locales. « Le PSGOUV2 vise à accélérer le rythme de réduction de la pauvreté et des inégalités sociales, à apporter des solutions durables à la problématique de la fragilité dans les zones frontalières au nord et à améliorer les conditions de vie des populations », annonçait le Président de la République, Alassane Ouattara, lors de son allocution pour la nouvelle année 2022.

Ces investissements sont fortement attendus par la population pour qui le développement d’infrastructures est un outil majeur contre le phénomène terroriste. Ainsi, pour le chef de Kafolo, « la route c’est le développement ».

 

Une présence locale du phénomène djihadiste

 

Cette localité, attaquée par deux fois en juin 2020 puis en mars 2021, a fortement souffert de la présence des djihadistes. Ancien pôle touristique grâce à sa proximité avec le parc de la Comoe, la richesse de la ville a été réduite à néant par l’insécurité, qui a progressivement détruit les activités touristiques, halieutiques et agricoles des habitants.

Face à cette présence, le PSGouv2 pourrait donc être une réponse adaptée, capable de proposer une alternative à la jeunesse locale. L’annonce, le 14 mars, d’un mémorandum entre l’Allemagne, le Programme des Nations unies pour le développement et la Côte d’Ivoire prévoyant l’investissement de 2,82 milliards de francs CFA dans le nord du pays, témoigne ainsi du renforcement progressif de la phase 2 du PSGouv2, qui contribuera au renforcement des mécanismes locaux de gestion et de prévention des conflits, grâce aux opportunités économiques offertes à près de 100 000 jeunes hommes et femmes.

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