Le G7 veut réduire sa dépendance aux énergies fossiles… et à la Russie

Le G7 veut réduire sa dépendance aux énergies fossiles… et à la Russie

Après trois jours de réunion à Berlin, les pays du G7 ont promis un grand pas en avant en faveur d’une énergie décarbonée d’ici 2035. Dans l’immédiat, il s’agit de se passer au plus vite du charbon, même pour le Japon et l’Allemagne qui en sont de gros consommateurs.

Dans un contexte de fortes tension au sujet des prix et de l’approvisionnement sur le marché international de l’énergie, les sept économies les plus puissantes au monde – à l’exception de la Chine – ont décidé de passer à la vitesse supérieure en faveur des énergies renouvelables. Aux oubliettes le charbon. États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Italie, Allemagne et Japon se sont engagés à « soutenir l’accélération de la sortie mondiale du charbon » et à mettre un terme d’ici la fin de l’année au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles sans capture de carbone. Pour cela ils souhaitent « développer rapidement les technologies et les politiques nécessaires à la transition vers une énergie propre », et ce afin d’« atteindre un secteur de l’électricité majoritairement décarboné d’ici 2035 ». Des engagements qui seront soumis aux chefs d’État du G7 dont le prochain sommet est prévu du 26 au 28 juin prochain, en Allemagne également.

Un effort en ce sens avait déjà été accompli en novembre dernier le Royaume-Uni a fédéré une vingtaine de pays pour stopper les investissements dans le pétrole, le gaz et le charbon. Le japon s’en était tenu à l’écart. Aujourd’hui il vient de céder à la pression, voire au bon sens diront certains.

Japon et Allemagne acceptent la cure détox sans charbon

Le revirement du Japon a donc permis au G7 d’afficher de telles ambitions fermes aux effets à très court terme. La décision a de toute évidence été difficile à prendre pour un pays dont le territoire ne recèle presqu’aucune énergie fossile. Aujourd’hui le Japon importe massivement depuis l’Australie, l’Indonésie… et la Russie, son troisième pourvoyeur. Le ministre de l’Industrie Koichi Hagiuda a indiqué que Tokyo stoppera progressivement ses importations de charbon russe. L’objectif est de parvenir à baisser la part du charbon dans la production d’électricité de 32 à 19 % à l’horizon 2030. « Nous diversifierons nos sources d’approvisionnement en investissant dans le gaz naturel liquéfié et en favorisant l’investissement dans le développement » a-t-il précisé. Si la diminution des importations de gaz russe va également être engagée, le gouvernement refuse de les stopper. L’équation énergétique nippone est à la fois complexe et délicate.

Autre pays ayant parié sur un charbon qu’il doit ravaler, l’Allemagne. Près de 30 % de l’électricité allemande provient encore des centrales à charbon, prix polémique de l’abandon contesté du nucléaire. En 2021, la part du charbon y augmentait encore de 17 %. L’invasion russe de l’Ukraine a de toute évidence plongé Berlin dans le désarroi sur bien des plans essentiels, à commencer par l’approvisionnement en énergie. L’abandon forcé et assez prévisible du gazoduc Nord Stream 2 a mis un terme à une saga ayant créé des tensions entre alliés occidentaux. L’Allemagne allait encore accroître sa dépendance au gaz russe alors qu’aujourd’hui elle s’appuie dessus à hauteur de 50 %. La transition va être rude.

Avant d’enterrer l’énergie fossile, l’enjeu est de remplacer l’énergie russe

Pour compenser la perte quantitative que représente le rejet de l’énergie fossile russe, le Canada, 4e producteur mondial de pétrole, s’est proposé fin mars d’augmenter de 5 % ses exportations. Le secteur serait en capacité d’augmenter durant l’année ses exportations de pétrole et de gaz d’environ 300.000 barils par jour, avait annoncé l’ancien ministre de l’Environnement. Son successeur, Steven Guilbeault, s’est réjouit des annonces faites par le G7 : « C’est vraiment encourageant d’entendre nos homologues s’accorder sur le fait que la sécurité énergétique et la lutte contre les changements climatiques sont des objectifs qui se renforcent mutuellement » a-t-il déclaré. II a également aimé souligner que la guerre en Ukraine n’avait « pas du tout » fait reculer les objectifs climatiques des leaders de l’économie mondiale.

Il est par contre moins aisé de convaincre les pays de l’Opep d’augmenter significativement leur production. Les membres du G7 ont appelé « les pays producteurs de pétrole et de gaz à agir de manière responsable et à répondre au resserrement des marchés internationaux », mais jusqu’à présent l’organisation a repoussé les appels à une hausse de la production qui relâcherait les prix. Le mois prochain l’Opep se limitera à la légère augmentation prévue en amont du contexte international actuel. Au début du mois de mai, le non avait même été « ferme » ont rapporté Les Échos  : « Depuis le début de la guerre en Ukraine, le cartel montre une solidarité sans faille avec Moscou, pilier essentiel de l’alliance et gage de son influence. Nouée en 2016 pour contrer l’essor du pétrole de schiste américain, l’association entre le Kremlin et l’Opep a fait passer la part de marché de ce dernier à l’échelle mondiale de 35 % à 55 %. ».

Une hausse importante de l’approvisionnement pourrait provenir des États-Unis. L’Agence internationale de l’énergie a annoncé début mars que ses membres allaient fournir 60 millions de barils de leurs réserves d’urgence, dont 30 millions en provenance des États-Unis. Augmenter la production prendra du temps. Une énergie issue souvent du pétrole de schiste, très polluant, logiquement appelé à être moins exploité dans le cadre des efforts climatiques affichés.

Gaëtan Mortier

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