La Russie décide de quitter la Station spatiale internationale

La Russie décide de quitter la Station spatiale internationale

La Russie a annoncé son retrait de la Station spatiale internationale d’ici 2024. Cette option avait déjà été évoquée par le passé, de même qu’un projet de station russe représentant un défi à la fois technologique et financier. L’ISS devra fonctionner sans le module russe jusqu’à sa fin programmée pour 2029.

La guerre de la Russie contre l’Ukraine, et indirectement contre de nombreux pays occidentaux, a entraîné une nouvelle conséquence néfaste : le début de la fin de la coopération scientifique dans l’espace. « Nous allons sans doute remplir toutes nos obligations à l’égard de nos partenaires. Mais la décision de quitter cette station après 2024 a été prise », a déclaré  mardi dernier Youri Borissov,

le tout nouveau directeur de Roscosmos, l’agence spatiale russe. Ancien ministre adjoint de la Défense de 2012 à 2018, puis vice-Premier ministre chargé du complexe militaro-industriel de 2018 à 2022, M. Borissov ne devrait pas être beaucoup plus tendre que son ultra-nationaliste prédécesseur.

Un retrait russe en bonne intelligence avec ses partenaires ?

L’Agence spatiale européenne (ESA) a souligné que le projet russe d’une station spatiale nommée Ross (Russian Orbital Space Station) « n’est pas nouveau et avait été mentionné par le passé ». La NASA a de son côté déclaré qu’elle n’avait reçu « aucune notification » de ce retrait, dont les modalités demeurent inconnues à ce jour. Comme l’écrit un journaliste de Futura Sciences qui interprète les propos de M. Borissov, « dit autrement, le retrait russe du programme se fera en bonne intelligence avec les autres partenaires, sans précipitation et sans mettre en danger la viabilité du complexe orbital et ses occupants ». La coopération internationale sur l’ISS ne devrait donc compter d’ici deux ans que sur les États-Unis, l’Europe, le Japon et le Canada.

Si les sanctions internationales tardent à provoquer un effet fortement déstabilisateur sur l’économie russe, il est certain que l’industrie militaire et spatiale est affectée par une pénurie de composants haute technologie. Le président américain Joe Biden avait ainsi déclaré, dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine : « Nous estimons que nous allons priver les importations russes de haute technologie de moitié au moins. Nous allons donner un coup à la modernisation de leur secteur militaire. Cela affectera aussi leur industrie aérospatiale, y compris leur programme spatial ». Même M. Borissov n’a pu nier l’évidence, contrairement aux habitudes des officiels russes, admettant une « situation difficile ». Des doutes existent également sur leur capacité de financer un tel projet.

L’ISS fera sans la Russie jusqu’à sa fin en 2029

La Station spatiale internationale (ISS) devra donc faire prochainement sans la module russe. Interviewé par la Radio Télévision Suisse, l’astrophysicien et astronaute suisse Claude Nicollier explique : « L’élément russe et l’élément américain, auxquels sont accrochés l’élément japonais et européen, et le bras robotique canadien, sont des éléments très interconnectés. (…) Le segment russe a besoin de l’énergie électrique fournie par le segment américain. Et surtout, la station dans son ensemble, y compris le segment américain, a besoin du système propulsif du segment russe pour maintenir l’altitude de la station ». Les Américains travaillent d’ores et déjà sur la façon d’assumer eux-mêmes cette fonction essentielle. A l’heure actuelle personne ne sait ce qu’il adviendra de la section russe, s’il sera détaché ou simplement abandonné.

Ce qui est certain est que l’ISS continuera de fonctionner sans risque pour sa structure jusque 2029. Et ce jusqu’à un désorbitage programmé pour 2031, qui entraînera sa chute dans une zone non habitée de l’océan Pacifique. Contrairement à une fusée chinoise qui retombera sur Terre dans les prochains jours… Un engin de 20 tonnes hors de contrôle ayant servi à mettre sur orbite le deuxième module de la future station spatiale chinoise (« Nouveau lancement de la Chine : où retomberont les débris de la fusée ? », à lire sur sciencespost.fr).

Malgré ce désengagement russe de l’ISS, la coopération spatiale entre la NASA et Roscosmos a récemment été confirmée pour les vols spatiaux en direction de la station. A court terme au moins, des astronautes américains embarqueront dans des Soyuz russes, tandis que des Russes emprunteront une capsule SpaceX Dragon américaine. Le dernier acte d’une formidable coopération historique avant que la concurrence, voire l’hostilité, ne gagne l’espace ?

Gaëtan Mortier

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