Mondiacult 2022 : la culture en sommet à Mexico

Mondiacult 2022 : la culture en sommet à Mexico

Sous l’égide de l’Unesco, la culture a réuni du 28 au 30 septembre à Mexico les représentants de 161 pays. La conférence Mondiacult 2022 resurgit quarante ans après sa première édition de 1982. Son objectif fondamental est de défendre la culture comme « bien public mondial ». De l’économie digitale à la protection du patrimoine, les enjeux de la culture au XXIe siècle ont été mis à jour.

Le format forum mondial, où quelques milliers de personnes, ministres, experts, représentants de la société civile, se rassemblent pour de longs palabres ambitieux ponctués de salves automatiques d’applaudissements, se décline aussi dans le champ culturel. Comme pour contredire, à tout le moins, une réalité cruelle à l’épais catalogue. La culture comme nouveau droit, comme « bien public mondial » ? L’utopie peut faire sourire avec bienveillance, mais l’effort lancé par l’Unesco pourrait entraîner quelques progrès dans le détail de certains dossiers à l’évidente actualité.

L’Unesco et sa directrice, la française Audrey Azoulay, éphémère et translucide ministre de la Culture entre 2016 et 2017, formulent en quatre questions les axes de leur travail : comment rénover et renforcer les politiques culturelles ? Quelle place occupe la culture dans le développement durable ? Comment répondre à la crise du patrimoine et de la diversité culturelle ? Et enfin quel futur pour l’économie créative ?

L’Unesco rappelle au passage que le secteur culturel et créatif est un puissant moteur économique, totalisant environ 48 millions d’emplois et produisant 3,1 % du PIB mondial. PIB et culture dans la même phrase peuvent heurter certaines sensibilités, chiffres et cultures n’ayant souvent aucun rapport qualitatif. D’autant que dans ces chiffres figurent bien des rouleaux compresseurs uniformisateurs, d’abord par écrans interposés. Mais on comprend l’intention : la culture conte et compte à la fois.

Langues et patrimoines en danger

La régulation des plateformes digitales est de toute évidence un enjeu crucial qui a été mis en avant durant la conférence. La réflexion s’ajoutera aux tentatives de régulation mises en place par certains États. « Favoriser la diversité culturelle sur Netflix, Spotify ou YouTube, lutter contre le trafic du patrimoine maya ou yoruba : tels sont deux des dossiers sur la table » résume L’Orient Le Jour. Est-ce que cela doit passer en dernier recours par de polémiques quotas, comme sur les radios françaises, au détriment de la qualité ? L’enjeu déclaré est en tout cas aussi vaste qu’ambitieux : lutter contre « l’appauvrissement de la diversité culturelle et linguistique en ligne ». Appauvrissement dont la source est d’abord palpable sur le terrain. A titre d’exemple, sur les 68 langues indigènes qui subsistent au Mexique, 31 disparaîtront certainement au cours des 20 prochaines années, 37 sont menacées d’extinction. Et cela fait au moins quatre décennies que le constat est posé par les gouvernements successifs, sans que la réalité n’évolue. Bien avant le numérique donc, le mal étant plus profond.

Fruit de dix mois de négociations multilatérales, la déclaration finale du sommet, non encore communiquée ce dimanche, devrait également mettre l’accent sur le trafic d’objets d’art. Trafic illégal, mais aussi la question épineuse du retour de certaines œuvres dans leur pays d’origine. La ministre de la Culture mexicaine, Alejandra Frausto, s’est montrée très active ces dernières années sur le thème de la récupération du patrimoine national, notamment à l’occasion de ventes aux enchère en France. Patrimoine mexicain qui, comme ailleurs, continue aujourd’hui d’être pillé sans grande entrave par des trafiquants de toutes envergures. Et de traverser des frontières d’une porosité remarquable.

Sur le marché légal, l’Unesco souhaite renforcer « le code éthique des marchands d’art » et envisage un « certificat d’origine » garantissant que les œuvres en vente « ont été obtenues légalement ». Au-delà, ou plutôt en-deça des mesures prises à étudier à l’avenir, détail alléchant, l’organisation onusienne souhaite ouvrir d’ici 2025 « un musée virtuel des biens culturels volés ».

 

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