Venezuela : la fin de l’isolement ?

Venezuela : la fin de l’isolement ?

À la faveur du contexte international et continental, le Venezuela commence à sortir de son isolement. La guerre en Ukraine et le besoin de pétrole non russe favorisent un dialogue avec États-Unis, le Canada et l’UE, tandis que les succès de la gauche au Brésil et en Colombie détendent des relations auparavant conflictuelles.

Nicolas Maduro n’avait pas de mots assez outranciers pour dénoncer l’empire américain, qui lui rendait bien. La guerre de la Russie en Ukraine est en train de rebattre les cartes à la vue d’intérêts stratégiques supérieurs, tendant à gommer des différends idéologiques majeurs. Suite à sa réélection considérée comme frauduleuse à la tête du Venezuela en 2018, Maduro s’était vu opposer Juan Guaido, autoproclamé « président par intérim », avec le soutien des États-Unis. C’est désormais du passé, car le 30 décembre dernier la majorité des partis vénézuéliens d’opposition mettait fin à ce « gouvernement intérimaire » pour élire le 5 janvier la députée Dinorah Figuera (exilée en Espagne) à la tête de l’Assemblée nationale d’opposition.

Un « processus de normalisation » avec les États-Unis

Ce léger redoux entre le Venezuela et les États-Unis, à la fois opportuniste et pragmatique, a été confirmé en ce début d’année par Nicolas Maduro : « Le Venezuela est prêt, totalement prêt, à se diriger vers un processus de normalisation des relations diplomatiques, consulaires, politiques, avec ce gouvernement des États-Unis et avec ceux qui pourraient arriver ensuite ». Maduro a également mentionné un « dialogue permanent » avec l’Union européenne. Il a aussi pu échanger avec le président français Emmanuel Macron à l’occasion de la COP27, qui s’est déroulée en Égypte en novembre 2022.

À la même époque, un premier pas important vers un rétablissement partiel des relations avec les États-Unis avait été fait : Chevron, le géant américain du pétrole, était autorisé à reprendre ses activités d’extraction au Venezuela. Un accord limité entre Maduro et l’opposition avait alors été perçu comme un bon signe pour remettre en cause un embargo pétrolier qui n’a pas eu d’effet politique, et qui n’arrange aucun des deux pays.

Réchauffement avec le Brésil de Lula et la Colombie de Petro

En parallèle au dégel prudent des relations avec les Occidentaux, le Venezuela avance sur la voie de la réconciliation avec ses voisins colombiens et brésiliens. Au Brésil, le retour de la gauche au pouvoir, avec la troisième présidence de Lula, met un terme aux relations hostiles entretenues avec le tonitruant Bolsonaro. Quant à la Colombie, elle a choisi l’année dernière et pour la première fois un chef d’État de gauche, Gustavo Petro. Colombie et Venezuela ont rouvert leurs frontières communes et Petro a rencontré samedi dernier Maduro pour la deuxième fois déjà.

Allié de la Russie, le Venezuela pourrait tenter une navigation délicate entre divers écueils pour tirer de nouveau profit de ses immenses réserves pétrolières, considérées comme les plus importantes au monde. Maduro n’a d’ailleurs pas vraiment le choix tant le Venezuela est étouffé par une crise économique aux dimensions inédites : 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté ; de 80 % est aussi la chute du PIB depuis 2013. L’inflation y est la plus élevée au monde avec 500 % par an, chiffre très modeste par rapport aux années précédentes (cf Les Échos). Le nombre de vénézuéliens ayant fui leur pays s’élève à 5 millions, sur une population de 28 millions. La production de pétrole, en crise structurelle bien avant l’embargo américain, est au plus bas… Un afflux de pétrole vénézuélien détendrait le marché international. Pour conclure sur le contexte politique, l’opposition élira cette année un candidat unique pour la présidentielle de 2024. Le nom de Guaido pourrait réapparaître à cette occasion.

G. M.

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