Un Sukhoï-25 congolais touché par un missile à la frontière du Rwanda

Un Sukhoï-25 congolais touché par un missile à la frontière du Rwanda

Un avion de chasse de la République Démocratique du Congo a été touché par un missile sol-air à la frontière du Rwanda, alors qu’il s’apprêtait à atterrir à l’aéroport de Goma. L’incident provoque un nouveau pic de tension entre les deux voisins ennemis.

Dans un contexte de résurgence de la conflictualité entre la République Démocratique du Congo, la rébellion du M23 et le voisin rwandais qui la soutient officieusement, l’attaque d’un avion de chasse congolais a fait monter la tension d’un cran. Les images diffusées ne souffrent pas d’ambiguïté. Un Sukhoï-25 congolais vole à basse altitude, trains sortis, en phase d’approche de l’aéroport de Goma qui est situé à deux pas de la frontière rwandaise. Selon le spécialiste de l’aéronautique militaire « Até » Chuet, un missile sol-air, probablement tiré par un système portatif de défense aérienne, a explosé à proximité de l’appareil et l’a endommagé. Toutefois cet avion lourdement armé est aussi très robuste, et le pilote est parvenu à se poser.

La porte-parole du gouvernement rwandais a dénoncé la violation de son espace aérien et a défendu « des mesures défensives », sans en préciser la nature. « Le Rwanda demande à la RDC d’arrêter cette agression », a-t-elle poursuivi. Le gouvernement congolais a démenti le survol de l’espace aérien voisin et parle d’une « action délibérée » et d’un « acte de guerre ». Selon « Até » Chuet, des données non authentifiées fournies par Flightradar, aujourd’hui retirées, montrent que le Sukhoï-25 aurait « légèrement mordu au dessus du lac côté rwandais ». A la vue de la configuration géographique de la zone, l’erreur de navigation apparaît plutôt probable. Une action hostile en phase d’atterrissage est par contre hautement improbable. C’est la troisième fois depuis novembre dernier qu’un avion congolais est accusé de mordre sur l’espace aérien d’un voisin particulièrement agressif.

Les intérêts stratégiques et économiques du Rwanda

La tension entre RDC et Rwanda connaît un fort regain depuis 2022. Le Rwanda est depuis longtemps accusé par l’Onu de soutenir diplomatiquement et militairement le M23, un mouvement armé qui combat les forces congolaises dans l’Est du pays. La rébellion a récemment remporté des succès militaires, « sous le regard passif des casques bleus de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), un contingent de quelque 15 000 hommes déployés en RDC depuis 2002 pour un résultat assez peu probant », écrit Le Monde.

Le vide étatique côté congolais favorise la prédation de féroces groupes armés. Selon un article de Diplomatie, la raison du soutien rwandais au M23 « se trouverait dans la protection des intérêts stratégiques et économiques du Rwanda dans l’Est de la RDC qu’il considère comme sa zone d’influence et de projection (…). La rhétorique rwandaise insiste sur la menace des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) comme pouvant justifier son implication. » Jusqu’à présent la diplomatie n’a pu empêcher de façon durable les combats sur le sol congolais. Des initiatives diplomatiques sont toujours en cours, mais le M23 est dans une toute autre dynamique.

 

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