La Chine dévoile un « plan de paix » pour l’Ukraine

La Chine dévoile un « plan de paix » pour l’Ukraine

La Chine a présenté hier depuis Moscou un « plan de paix » pour l’Ukraine. Au final, il ne s’agit que d’une courte déclaration de 12 principes très généraux, dont le manque de substance est souvent critiqué.

« La modeste initiative » chinoise, comme l’écrit le Figaro, aura déçu ceux qui en attendaient un petit quelque chose. Présenté en amont de façon alléchante comme un « plan de paix », le document intitulé « Approche chinosise pour un règlement politique de la crise urkrainienne » aborde on ne peut plus succinctement douze points, sans portée ni ébauche concrète de solution.

Le président ukrainien Zelensky a déclaré ne pas avoir été consulté par la Chine, mais il a jugé favorablement l’initiative, avant d’avoir pu lire le document : « Que la Chine commence à parler de l’Ukraine et envoie certains signaux, c’est un point très positif ». Il aura l’occasion de demander une position plus explicite à Xi Jinping qu’il pourrait rencontrer prochainement. Après lecture du document, au final seules la Russie… et l’Onu saluent publiquement l’« importante contribution » chinoise.

L’agression russe justifiée en peu de mots

Ce qui a valu un satisfecit très diplomatique des Nations Unies sont les points 7 et 8, qui en six lignes condamnent toute utilisation de l’arme atomique ou attaque de centrale nucléaire. Il s’agit ici du seul point pouvant frustrer Moscou, qui a régulièrement manié la rhétorique atomique. Pékin se dit aussi opposé à la « recherche, au développement et à l’usage d’armes chimiques ou biologiques ». Mais qui oserait affirmer le contraire ?

Le premier point semble limpide : « Respecter la souveraineté de tous les pays ». Certes, mais Pékin ne semble pas considérer l’invasion de l’Ukraine comme une violation d’un principe faisant très rarement débat. Il faut donc comprendre que, selon Pékin, la Russie est dans son bon droit, sûrement comme la Chine pourrait l’être vis à vis de Taïwan. Le titre 2 demande d’« abandonner la mentalité de guerre froide », rejetant sans surprise ni nuance l’entièreté des origines du conflit sur le dos des États-Unis et l’Otan. « Cesser les hostilités », « reprendre les pourparlers de paix », « résoudre la crise humanitaire », « protéger les civils et les prisonniers de guerre » sont autant de points dont l’apport interroge, surtout qu’aucun moyen n’est mentionné. La Chine demande plus significativement la fin des « sanctions unilatérales non autorisées par le Conseil de sécurité des Nations-Unies », qui est incapable de prendre la moindre décision en ce sens, du fait même de sa composition. La Russie peut toujours compter sur « l’amitié sans limite » de la Chine. Le chef d’État chinois devrait se rendre à Moscou au printemps afin de renforcer ce partenariat.

Vœux pieux

Les réactions à « l’étrange plan de paix de la Chine », écrit le quotidien québécois Le Devoir, ne se sont pas faites attendre : « une liste de vœux pieux, un catalogue de bonnes intentions » qui a été « reçu avec prudence et scepticisme par la communauté internationale ». À commencer par le secrétaire général de l’Otan : « La Chine n’a pas beaucoup de crédibilité car elle n’a toujours pas été capable de condamner l’invasion illégale de l’Ukraine ». Il faisait référence au 4e vote de l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’est tenu le 23 février. Jake Sullivan, conseiller américain à la sécurité nationale a écarté le document d’un revers de la main : « Ma première réaction a été de penser qu’il aurait pu s’arrêter au premier point, le respect de la souveraineté de toutes les nations ». Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui réagi avec clarté : « Ce n’est pas un plan de paix, c’est un document où la Chine réaffirme les positions exprimées depuis le début ». On pense alors à la formule populaire de l’ancien président français Jacques Chirac, qui en deux mots pourrait répondre au pseudo plan chinois : ces propositions « font pschitt », histoire de dire qu’elles se dégonflent toutes seules.

G.M.

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