Après plus de quinze ans de pourparlers, les États membres des Nations Unies ont conclu hier le premier traité international de protection de la haute mer. La bonne nouvelle intervient dans la foulée du 8e sommet « Our Ocean ».
Pas moins de quinze années ont été nécessaires pour que des centaines de négociateurs s’accordent sur une nécessité impérieuse : protéger les océans, et plus précisément la haute mer qui constitue la moitié de la superficie de la planète. Un texte légalement contraignant a été formalisé pour une adoption ultérieure, après la ratification des pays concernés. Le contenu exact n’a pas été publié, mais nous savons d’ores et déjà qu’il permettra de créer des aires maritimes protégées dans les eaux internationales. La haute mer est cet espace commun, hors juridictions nationales, qui s’étend au-delà des 370 kilomètres des zones économiques exclusives des États.
Alors que seulement 1 % de la haute mer bénéficie de mesures de conservation, le traité a pour objectif très optimiste d’en protéger 30 % d’ici… 2030. Soit une application deux fois plus rapide que le temps nécessaire pour se mettre d’accord sur des principes fondamentaux. Le texte prévoit par exemple l’obligation d’études d’impact environnemental pour toute activité envisagée en haute mer.
La conférence « Our Ocean » 2023
La bonne nouvelle de l’accord intervient après la conclusion de 8e conférence internationale « Our Ocean », qui cette année s’est déroulée au Panama (après celle de Lisbonne en 2022). Durant deux jours, les discussions se sont concentrées sur six domaines d’action : la pêche durable, les économies bleues durables, les zones marines protégées, la sécurité maritime, la pollution marine et bien-sûr le changement climatique.
À la fin de la rencontre, les participants ne votent pas, mais ils s’engagent sur des mesures volontaires. Cette année, près de 20 milliards de dollars ont été promis pour agir concrètement en faveur de la protection des océans (voir la carte des engagements publiée sur le site de la conférence). Cette conférence « est incroyablement importante car elle est centrée sur l’action et non sur les mots, a déclaré John Kerry, envoyé spécial américain pour le climat, à l’origine de la création de ces rassemblements annuels. Il s’agit d’engagements réels et de solutions réelles ».
La contribution la plus importante vient des États-Unis, qui vont engager six milliards de dollars, une somme à l’importance toute relative quand on la compare par exemple à l’aide militaire allouée à l’Ukraine (environ 4 milliards par mois, en moyenne entre janvier 2022 et janvier 2023, selon la BBC ; un total de 112 milliards en aides diverses en une seule année). Une moitié sera dédiée à la lutte contre le changement climatique, une autre pour « développer la résilience des ressources marines et des communautés côtières ». L’Union européenne a quant à elle annoncé 800 millions d’euros pour 2023, en faveur de programmes de protection des océans (voir les 39 engagements publiés dans ce communiqué). Le pan le plus important portera sur la recherche océanique.
G.M.
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