Des affrontements ont éclaté au Soudan entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah el Bourhan et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti. Vendredi, l’extension d’un cessez-le-feu négociée par l’intermédiaire des États-Unis et de l’Arabie Saoudite semblait échouer à geler les combats.
Un premier cessez-le-feu de trois jours avait été annoncé lundi soir par le secrétaire d’État américain Antony Blinken « après d’intenses négociations ». Cependant, l’émissaire spécial des Nations unies au Soudan, Volker Perthe, déclarait le lendemain que les factions rivales n’étaient pas prêtes à négocier sérieusement. Malgré la poursuite de combats, l’extension de la trêve pour trois nouvelles journées a été communiquée ce vendredi. La diplomatie des États-Unis et des pays de la région espère pouvoir construire un cessez-le-feu permanent, mais la rivalité entre les anciens alliés du coup d’État d’octobre 2021 a eu le temps de s’aiguiser ces dernières années. Hemedti semble avoir les moyens militaires et financiers pour faire face à l’armée, notamment grâce au contrôle de nombreuses mines d’or dans un pays qui en est le troisième extracteur au monde.
Des enjeux de l’Égypte au Moyen-Orient
Les milliers de ressortissants étrangers qui cette semaine ont été évacués de Khartoum, la capitale soudanaise de cinq millions d’habitants, est le signe du peu d’optimisme quant à une solution négociée. « Il est étonnant que les pays occidentaux ne s’intéressent qu’ à la façon d’évacuer leurs ressortissants. Il s’agit ici d’un aveu de faiblesse et d’aveuglement lorsqu’on considère l’ampleur de l’enjeu que représente l’issue de cette crise soudanaise », réagit Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS (« Soudan : quels sont les facteurs à l’origine des affrontements ? », sur le site de l’IRIS).
L’Onu et l’Union africaine craignent l’extension régionale d’un conflit dans lequel des pays voisins et d’autres du Golfe ont des intérêts divergents. L’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis seraient dans l’embarras, explique un article de France 24. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, dont le pays partage 1300 km de frontière avec le Soudan, est du côté de l’armée régulière et de la stabilité de son voisin. « Hemedti est perçu comme l’homme des Émirats arabes unis » lit-on, « même si ces pays ne veulent pas tout miser sur l’un des deux chevaux par crainte d’être privés de marchés ou d’influence politique ».
Impliqué dans la médiation, le président kényan Alfred Mutua a exprimé son inquiétude : « Nous sommes préoccupés depuis un certain temps par le rôle joué par certains de nos amis au Moyen-Orient, ainsi que la Russie et d’autres, qui soutiennent l’un ou l’autre camp ». « Nous avons de très sérieuses préoccupations sur l’engagement du groupe de Prigojine », a ajouté Antony Blinken lors de la même conférence de presse. Marc Lavergne explique en effet que les mercenaires de Wagner fournissent des armes à Hemedti en échange d’une partie de son or, dont « l’essentiel est exporté vers Dubaï ».
G.M.
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