Ce métier a été jugé « le plus ennuyeux au monde » et il est très bien payé

Une récente étude britannique vient de dévoiler un classement surprenant des professions les plus monotones. En tête de liste: l’analyste de données. Cette révélation remet en question notre perception de métiers souvent considérés comme prestigieux et bien rémunérés. Plongée dans l’univers parfois insoupçonné de l’ennui professionnel et ses conséquences sur la santé.
L’analyste de données: champion toutes catégories de l’ennui professionnel
Des chercheurs de l’Université d’Essex au Royaume-Uni ont mené une enquête approfondie sur les métiers perçus comme les plus monotones. Leur étude, publiée dans la revue Personality and Social Psychology, a analysé les traits de personnalité, comportements et centres d’intérêt de 500 participants. Le verdict est sans appel: l’analyste de données remporte la palme du métier le plus ennuyeux.
Ce professionnel, chargé d’exploiter et d’interpréter les informations numériques des entreprises, souffre d’une image peu flatteuse. Les longues heures passées devant des écrans, les tâches répétitives et le manque apparent de créativité contribuent à cette perception négative. Derrière lui sur le podium se trouvent les comptables, les experts fiscaux et les assureurs, formant ainsi un quatuor peu envié dans l’imaginaire collectif.
Pourtant, les chercheurs britanniques nuancent cette vision: « Malgré cette perception négative, la société a besoin de personnes pour exercer ces professions essentielles. » Ils ajoutent même avec une pointe d’humour: « La vérité, c’est que des professionnels comme les comptables disposent de compétences remarquables et d’une influence considérable. Peut-être devrions-nous éviter de les contrarier en les cataloguant comme ennuyeux! »
À l’opposé du spectre, certains métiers bénéficient d’une aura plus stimulante. Les professions liées au journalisme, aux sciences appliquées, au domaine artistique ou à l’enseignement sont généralement perçues comme passionnantes. Ces stéréotypes, qu’ils soient positifs ou négatifs, peuvent néanmoins influencer les choix de carrière et créer des préjugés tenaces.
Quand l’ennui au travail devient dangereux pour la santé
S’ennuyer dans son environnement professionnel va bien au-delà d’un simple désagrément quotidien. Le « bore-out », terme désignant l’épuisement professionnel par l’ennui, constitue une véritable menace pour la santé mentale. Ses symptômes sont facilement identifiables: navigation sans but sur internet, consultation compulsive des réseaux sociaux ou de sa montre, sensation que le temps s’étire indéfiniment.
Les conséquences peuvent être dramatiques. Une étude britannique intitulée « Bored to death » (Mourir d’ennui) révèle que les employés s’ennuyant au travail présentent jusqu’à trois fois plus de risques d’accidents cardiovasculaires que leurs homologues occupant des postes stimulants. L’anxiété chronique et la fatigue persistante figurent également parmi les effets secondaires courants.
Paradoxalement, avouer son ennui professionnel reste tabou dans notre société. Reconnaître que l’on passe ses journées à ne rien faire d’utile est souvent perçu comme dévalorisant. Christian Bourion, auteur de « Le bore-out syndrome, Quand l’ennui au travail rend fou » (Albin Michel), établit un parallèle éclairant: « Les personnes touchées par le burn-out s’enferment dans un travail incessant, celles confrontées au bore-out s’enferment dans l’ennui. »
Cette situation touche particulièrement les jeunes professionnels, souvent assignés à des tâches répétitives en début de carrière. Selon les experts, cette période peut pourtant être mise à profit pour identifier ses véritables aspirations professionnelles et développer des stratégies d’évolution.
Dépasser les stéréotypes pour trouver son épanouissement professionnel
Les préjugés entourant certaines professions peuvent conduire à des jugements hâtifs qui ne reflètent pas la réalité vécue par ceux qui les exercent. Si l’étude britannique classe l’analyse de données comme le métier le plus ennuyeux, nombreux sont les professionnels du secteur qui y trouvent satisfaction et épanouissement.
La perception subjective de l’ennui varie considérablement selon les personnalités. Ce qui paraît monotone pour certains peut représenter un défi intellectuel stimulant pour d’autres. Dans le domaine de l’analyse de données, la résolution de problèmes complexes, la découverte de tendances cachées et l’impact concret des recommandations sur les stratégies d’entreprise constituent des sources potentielles de motivation.
Pour ceux qui ressentent néanmoins un sentiment d’ennui persistant, Christian Bourion propose des pistes de réflexion: « Il faut profiter de cette situation pour se développer malgré tout, identifier ses aspirations professionnelles réelles et déterminer ce que l’on souhaite véritablement accomplir à travers son travail. » Cette démarche introspective permet souvent d’engager un dialogue constructif avec sa hiérarchie et d’envisager des évolutions de poste.
L’étude britannique nous rappelle que la célèbre citation du Duc de Lévis, « L’ennui est une maladie dont le travail est le remède », ne s’applique que lorsque l’activité professionnelle est source d’épanouissement. Plus qu’un simple gagne-pain, le travail représente idéalement un espace d’expression et de développement personnel, quels que soient les stéréotypes attachés à notre profession.