L’un de ses représentants est devenu célèbre grâce à l’une des émissions de variété les plus populaires de Chine. Le Kazakhstan, État trop peu connu d’Asie centrale, compte une diaspora nombreuse aux destins variés, souvent source de fierté nationale, et parfois d’embarras… Tour d’horizon de ces parcours particuliers et hors-norme.
Du Kazakhstan, l’Européen moyen possède une image souvent floue. Ceux qui ont connu la Guerre froide savent probablement qu’il s’agit d’une ancienne République soviétique ayant accédé à l’indépendance en 1991, avec l’éclatement de l’URSS. Les plus calés en géographie n’ignorent pas les dimensions gigantesques du pays, neuvième État le plus grand au monde, qui déploie ses immenses steppes entre la mer Caspienne et le massif de l’Altaï, au confluent des influences turque, chinoise et russe. Les amateurs de fusées et de conquête spatiale connaissent la base de Baïkonour, d’où a décollé Youri Gagarine, premier homme à avoir voyagé dans l’espace.
Dimash Kudaibergen, superstar du Kazakhstan
Pourtant, le Kazakhstan vient de surprendre le monde entier en annonçant au mois d’avril la finalisation de son propre vaccin, le QazVac, entrant ainsi « dans le cercle très fermé des États ayant mis au point leur propre produit anti-Covid », en l’occurrence les États-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, Cuba et l’Inde. Devant les caméras de télévision, le ministre de la Santé, Alexeï Tsoï, s’est même fait inoculer le fameuxvaccin. « Je me sens très bien » a-t-il déclaré.
Autre motif de fierté nationale, depuis plusieurs années maintenant, et dans un tout autre domaine : Dimash Kudaibergen. Chanteur né au Kazakhstan, Dimash Kudaibergen doit d’abord son succès à son extraordinaire tessiture vocale, mais aussi à un passage par l’étranger. En 2017, ce jeune homme de 27 ans a ravi le cœur des téléspectatrices de « Geshou 2017 » (« Chanteur 2017 »), un télé-crochet diffusé sur Hunan Télévision, deuxième chaîne la plus regardée de Chine. Révélé au public par un morceau issu de la comédie musicale Starmania, parvenu sur la deuxième marche du podium, il est aujourd’hui une star internationale.
Un Kazakh sur cinq vit en dehors des frontières du pays
Le succès de Dimash Kudaibergen auprès du public a contribué à placer le Kazakhstan sur la carte de la culture pop mondiale et à mettre en lumière la capacité qu’ont ses ressortissants à voyager. Ce n’est pas une surprise dans la mesure où le mot « kazakh » vient de l’ancien turc qaz, qui veut dire « voyager ». De sorte que le Kazakhstan signifie littéralement le « pays des hommes libres » ou le « pays des nomades ». Une étymologie qui reflète la culture d’itinérance du pays.
On estime à 4 millions le nombre de Kazakhs qui vivent en dehors des frontières de la République mère. Une proportion non négligeable quand on sait que celle-ci compte un peu moins de 20 millions d’habitants. La plupart vivent en Russie ou dans l’Ouzbékistan voisin, résultat de la circulation au sein de l’empire soviétique et du redécoupage territorial qui a suivi son effondrement.
En 2019, le documentariste Kanat Beisekeyev s’est attaché à explorer les contours de cette diaspora à travers une série de documentaires remarquée. Le vidéaste s’est aussi bien intéressé à ses « cousins » de Mongolie que de Turquie et Iran, et même aux enfants kazakhs adoptés aux États-Unis. Autant de documentaires visibles sur YouTube, qui illustrent la diversité des expériences vécues par les Kazakhs « ethniques » partout dans le monde.
Une diaspora convoitée
Ceux-ci font l’objet d’un intérêt particulier de la part du gouvernement du Kazakhstan. A l’image de ce que pratique Israël avec les Juifs de la diaspora, le pays a entrepris de « rapatrier » tous les ressortissants potentiels qui le souhaitent à l’aide de programmes et financements dédiés. Cette volonté de retour au bercail vaut aussi pour certaines brebis égarées et parfois déguisées en réfugié politique, à l’instar de Moukhtar Abliazov, mis en examen par plusieurs juridictions européennes et condamné par contumace pour avoir détourné des fonds à hauteur de 7 milliards de dollars. Soupçonné d’avoir organisé le meurtre de son prédécesseur à la tête de la banque qu’il dirigeait au Kazakhstan, Moukhtar Abliazov, qui possédait il y a peu un passeport diplomatique de la République centrafricaine, semble définitivement tourner le dos à son pays d’origine.
Et pour les oligarques en rupture de ban et en cavale comme pour les Kazakhs du quotidien, le retour ne va pas forcément de soi. Plus d’un million d’entre eux ont déjà fait le voyage vers un pays qu’ils n’ont, pour certains, jamais connu. L’intégration n’est pas toujours facile, au point que beaucoup hésitent à rejoindre la maison mère. C’est aussi ce que montrent, avec talent et émotion, les documentaires signés Beisekeyev.
Quant aux habitants du Kazakhstan, ils ont eu l’occasion, avec la fermeture des frontières causée par la pandémie, de redécouvrir leur pays immense au patrimoine historique unique en son genre.
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