La population mondiale devrait décliner dès la seconde moitié du siècle, contrairement aux projections de l’Onu qui prévoient une croissance continue de la population jusque 2100. C’est ce qu’avance une étude toute fraîche de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) publiée dans la revue scientifique The Lancet.
Selon l’étude (à lire dans les détails en anglais) la population de la planète atteindrait 8,8 milliards en 2100, soit deux milliards de moins que les chiffres avancés jusqu’à présent. Les chercheurs américains expliquent avec force de détails que la courbe démographique mondiale s’inversera du fait de l’évolution de la natalité et du développement de l’éducation des filles, faisant évoluer le taux de fécondité à 1,66 enfant par femme en 2100, contre 2,37 aujourd’hui.
« Les gouvernements ont besoin de scénarios de long terme afin de comprendre les potentiels risques environnementaux, militaires, géopolitiques et autres, pour élaborer des stratégies de prévention et de mitigation » expliquent les auteurs dans l’introduction à l’étude. Toutefois rien n’est gravé dans le marbre précisent-ils, des changements politiques au sein de chaque pays pouvant influer la fertilité, la mortalité et les migrations.
États-Unis vs Chine : un évolution à rebondissement
Les conséquences économiques et géopolitiques sont esquissées par les chercheurs et vont à l’encontre de certaines idées reçues. Ainsi l’étude anticipe bien le rang de première puissance économique mondiale pour la Chine en 2035… mais la puissance asiatique serait dépassée par les États-Unis à la toute fin du siècle. La Chine pourrait avoir perdu en 2100 la moitié de ses habitants et sera impactée par le déclin du nombre de personnes en âge de travailler, ce qui se répercutera inévitablement sur la croissance.
En 2100 l’Inde aura toujours la plus vaste population mondiale – elle est aujourd’hui sur le point de dépasser sa rivale chinoise – suivie du Nigeria, de la Chine donc et des États-Unis. Malgré un « énorme déclin de sa population » le Japon restera la quatrième puissance économique mondiale. De fait vingt-trois pays verront leur population divisée par deux, surtout en Asie et en Europe. La France restera plus ou moins stable entre 65 et 67 millions d’habitants, et en termes de PIB (certes limitatif) elle ne ferait que descendre de la 6e à la 7e place. L’Afrique sub-saharienne verra quant à elle tripler sa population.
« Ce sera véritablement un nouveau monde, un monde auquel nous devrions nous préparer dès aujourd’hui», a commenté le rédacteur en chef du Lancet Richard Horton. Un monde où les plus de 80 ans seront six fois plus nombreux, ce qui incite à «réévaluer la structure actuelle des systèmes d’aides sociales et des services de santé ».
L’étude conclut : « Dans le mouvement de déclin de la population mondiale quelques pays vont maintenir leurs populations grâce à des politiques libérales d’immigration ainsi que des politiques sociales supportant davantage le travail des femmes, leur permettant de réaliser la taille désirée de leur famille. »
G.M.
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