L’académie Nobel, réunie à Stockholm (Suède) a remis jeudi 9 octobre le prix Nobel de littérature au Français Patrick Modiano. Il succède à la nouvelliste canadienne anglophone Alice Munro, primée en 2013.
L’écrivain de 69 ans est l’auteur d’une trentaine de romans. Le secrétaire perpétuel de l’Académie Nobel, Peter Englund n’a pas réussi à directement joindre Patrick Modiano pour lui annoncer la bonne nouvelle. Encore une fois, tous les pronostics ont étés déjoués.
Nobel a consacré « cet art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation. » Depuis son premier roman, La Place de l’Etoile, publié chez Gallimard il n’a cessé de tourner autour de cette période obscure et traumatique. Lutte contre la mémoire, lutte contre les raccourcis de l’histoire également.
L’écrivain avait déjà reçu le prix Goncourt pour Rue des boutiques obscures en 1978, et le Grand Prix national des lettres pour l’ensemble de son œuvre en 1996. Il était un concurrent sérieux pour le prix Nobel depuis plusieurs années, mais personne ne le présentait. L’auteur s’est plongé dans la quête de l’identité, et il a pratiqué une autobiographie qu’il qualifie lui-même de « vaporisée dans l’imaginaire. » Toujours un pied dans le policier, Modiano avait trouvé la paix dans l’écriture, en celant le sort d’autres qui n’étaient pas tout à fait lui.
Son dernier livre, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, traite également de ses éternels démons: la rue, Paris, les années 50 où se côtoient des profils louches et hauts en couleur, et la mémoire comme une lutte contre l’oubli et le refoulé. Le jeudi 9 octobre, l’homme qui a tant lutté devant le définitif est peut-être devenu éternel.
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