A la suite de la 19e réunion extraordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, il a été établi que les pêcheries vont pouvoir accroître leur prélèvement de 20 % par an jusqu’en 2017.
La Commission, plus connue sous son acronyme anglais ICCAT, compte 48 membres – 47 pays plus l’Union européenne, incluant le Japon et les Etats-Unis. Ces derniers ont débattu à Gênes, en Italie, depuis le 10 novembre dernier. De 13.500 tonnes en 2014, et pour la première fois depuis l’imposition en 2007 de strictes mesures de contrôle des prises, le plafond des prélèvements autorisés sera porté à 23.155 tonnes dans trois ans. Cela en cumulé revient à plus de 70% de hausse.
Prise entre enjeux économiques et préservation de la ressource, la pression était forte sur l’ICCAT depuis que son comité scientifique avait annoncé la reconstitution rapide du plus gros stock de thon rouge au monde. Il est formé de poissons évoluant entre la Méditerranée et l’Atlantique Est, et comptait environs 585.000 tonnes de reproducteurs en 2013 (contre 150.000 T en 2008).
Tout indique donc que la population de thon, menacée par la surpêche des années 1990-2000, est en train de se reformer. Les scientifiques, ne pouvant cependant préciser si ce stock est reconstitué ou en passe de l’être, ont juste souligné qu’une hausse «progressive et modérée» du quota ne devrait pas remettre en cause le programme de reconstitution prévu sur 15 ans. En effet pour permettre un rétablissement durable des populations de poissons, le comité scientifique de l’ICCAT préconisaient soit de rester au niveau de pêche actuelle, soit de ne pas dépasser 23 256 tonnes, en rappelant une fois encore que l’évaluation des stocks dans les océans comporte une importante part d’incertitude.
L’Union européenne s’est taillé la part du lion lors de négociations houleuses, avec 59,24 % des quotas sur toute la période triennale qui va s’ouvrir. Sa répartition interne sera tranchée le mois prochain à Bruxelles. Le taux de prises européen progressera cependant un peu moins vite (+18 % par an) que la moyenne. Entre autres raisons, le fait que l’Algérie et la Libye aient obtenu un relèvement de leurs parts respectives. Cela est du aux tensions dans la régions les ayant empêchées d’atteindre leur quotas depuis 2011, ce qui justifie un report de consommation.
A l’annonce de l’augmentation du quota, le WWF s’est dit «préoccupée» par les effets du relèvement, qualifié de « ni progressif, ni modéré » par Sergi Tudela, le responsable du programme pêche de l’organisation. Regrettant le «pari» fait par l’ICCAT. il a admis redouter « que les immenses efforts de conservation qui ont été menés ces dernières années puissent disparaître rapidement ». Selon lui, «la réunion a été compliquée. Le cas du thon rouge confirme qu’il est parfois plus difficile de gérer un succès qu’une crise».
En outre, un groupe de travail a été créer pour étudier les «dispositifs de concentration de poissons.» Il s’agit d’une technique de pêche de masse par filet, piégeant les poissons sans distinction de taille ni d’espèce. Greenpeace, qui la juge «destructrices» avait appelé à son interdiction, avec le soutien d’une partie de la communauté des pêcheries.
Laisser un commentaire