Mardi 10 janvier, l’ancien Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan est devenu le premier vice-président du pays. Une nomination symbolique qui tourne une page institutionnelle mais aussi politique.
Dans la soirée du 10 janvier, Alassane Ouattara, président ivoirien réélu en octobre 2015, annonçait la nomination de son ancien Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, au poste de vice-président. « Je suis heureux de vous annoncer que mon choix s’est porté sur l’un des vôtres. Un élu de la nation. Il s’agit d’une personnalité d’expérience, un grand serviteur de l’État qui a fait la preuve de ses qualités personnelles et professionnelles exceptionnelles à toutes les hautes fonctions qu’il a occupées, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’à l’étranger », a-t-il expliqué à l’assemblée – elle aussi fraichement réélue.
Ce nouveau poste a été créé par la Constitution du 30 octobre 2016, adoptée à l’initiative du président. Selon la nouvelle loi fondamentale de Côte d’Ivoire, M Kablan deviendra le deuxième personnage de l’Etat, à l’image des institutions américaines.
Une nomination qui rassemble
Si la procédure voudra à l’avenir que celui-ci soit élu en même temps que le président, le référendum constitutionnel étant antérieur aux présidentielles, il revenait au président Ouattara de nommer son vice-président et cette annonce n’a pas surpris grand monde. Daniel Kablan Duncan, très proche du président, faisait figure de favori pour ce poste. Il avait de plus démissionné de son poste de Premier ministre la veille, ce qui semblait bien indiquer qu’il avait eu les faveurs du président. Il était par ailleurs une des personnalités les plus en vue du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition au pouvoir. Du côté de l’opposition, cette nomination a également été timidement saluée par certains membres – notamment Pascal Affi N’guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI) qui s’est félicité du choix d’un homme « pondéré ».
A 73 ans, Daniel Kablan Duncan peut justifier d’un parcours politique solide. Economiste et financier de formation, il a occupé de hautes fonctions à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). Il a par la suite été Premier ministre d’Henri Konan Bédié en 1993, puis d’Alassane Ouattara depuis 2012. Il pourra bientôt ajouter la vice-présidence à ce palmarès.
Une redéfinition du paysage politique ivoirien
En parallèle, le Président a signé deux décrets mettant fin aux fonctions du ministre d’Etat et du ministre à la présidence de la République, Amadou Gon Coulibaly et Ibrahima Tené Ouattara, son frère. Amadou Gon député-maire de Korhogo, grande ville du nord du pays, a été désigné pour succéder à Daniel Kablan Duncan à la tête du gouvernement de Côte d’Ivoire.
Ce choix est encore une fois assez attendu : M Gon est un proche d’Alassane Ouattara. Il a occupé les fonctions de ministre de l’Agriculture d’octobre 2002 à février 2010, puis de secrétaire général de la présidence depuis 2011. Le nouveau Premier ministre va devoir constituer son équipe ministérielle dans les plus brefs délais pour que l’exercice de la tête de l’état puisse reprendre son cours. En attendant, Daniel Kablan Duncan doit encore prêter serment devant le Conseil constitutionnel réuni en audience solennelle avant de pouvoir entrer en fonctions, en vertu de la nouvelle loi fondamentale.
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