Moïse Katumbi, « l’homme providentiel » de l’après-Kabila en RDC ?

Moïse Katumbi, « l’homme providentiel » de l’après-Kabila en RDC ?

En admettant que le chef de l’Etat ne revienne pas sur la date de la prochaine présidentielle, fixée au 23 décembre prochain, les Congolais peuvent enfin commencer à penser au futur politique du pays, vraisemblablement incarné par Moïse Katumbi.

Et s’il était enfin temps de préparer l’après-Kabila en République démocratique du Congo (RDC) ? Fin 2017, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) du pays annonçait, après un an de louvoiement, que l’élection présidentielle aurait finalement lieu le 23 décembre 2018. Une date quasi inespérée que les Congolais ont d’ores et déjà cochée sur leur calendrier et dont ils surveilleront avec assiduité le respect. À de trop nombreuses reprises, en effet, ils ont été floués par le pouvoir en place, qui a d’ailleurs perdu toute légitimité.

L’opposition reste soudée

Depuis le 20 décembre 2016, Joseph Kabila, arrivé à la tête de la RDC en 2001, n’est officiellement plus président de la République, la constitution du pays lui interdisant alors de briguer un autre mandat. Sauf que celui-ci, à la place de laisser son siège et faire fonctionner la démocratie, a choisi de l’enterrer en perpétuant son règne. Et en réprimant toute tentative de contestation, bien souvent dans la violence.

Malgré la volonté du « président » de diviser les forces d’opposition, les adversaires les plus chevronnés de M. Kabila ont fini par s’entendre et se rassembler autour d’un seul objectif : le départ du désormais ex-chef de l’État. Et c’est naturellement d’une même voix qu’ils s’étaient rangés, le 31 décembre dernier, derrière l’appel du Comité laïc de coordination — une association de catholiques congolais laïcs — à marcher pour protester contre le régime en place. Durant cette manifestation pacifique, des affrontements avaient eu lieu dans les rues de Kinshasa avec les forces de l’ordre, qui cherchaient à étouffer les contestataires. Bilan : plusieurs morts.

Rebelote le dimanche 21 janvier où, selon la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), six personnes ont été tuées et 49 autres blessées, après un nouvel appel des catholiques à manifester — toujours de manière pacifique — contre Joseph Kabila. La veille, le principal candidat à la succession de ce dernier, Moïse Katumbi (ancien gouverneur de la région du Katanga), rencontrait d’ailleurs à Bruxelles Gabriel Kyungu, le président du Rassop, une plateforme d’opposition à Kabila. L’occasion de s’afficher côte à côte et de réaffirmer leur commune volonté de démocratie.

«Mon retour est pour bientôt», clame Moïse Katumbi

Le premier, en exil contraint depuis le verdict d’un procès — qualifié de « coup politique » par la juge elle-même — rendu en juin 2016, n’hésite pas à donner de la voix pour mobiliser les Congolais afin qu’ils manifestent. «Nous sommes très pacifiques. Je l’ai toujours répété, la plus grande armée, c’est la population congolaise» affirmait-il en janvier dernier à Tshangu TV1. «Ce n’est pas l’argent qui nous manque pour faire la guerre. Mais nous ne voulons pas que le sang coule dans notre pays. Nous voulons la paix […] et que M. Kabila puisse partir.»

Ce n’est pas la première fois que Moïse Katumbi fait une telle déclaration, appelant à l’alternance politique ainsi qu’à la mise en place, une fois pour toutes, de la démocratie. «Nous avons le devoir constitutionnel et moral de faire obstacle à ce régime dictatorial»déclarait-il en décembre dernier. «Mon retour est pour très bientôt et ma lutte n’est pas destinée à mon seul intérêt personnel, mais à celui de tous ceux qui sont privés de liberté pour leur opinion politique.»

Ce dernier de fustiger également le manque d’honnêteté de la part de Joseph Kabila, «sans parole et sans respect» vis-à-vis du peuple d’après lui. Une facette du chef de l’État que la population congolaise pourrait malheureusement avoir à connaître une fois de plus. Tandis que certains, dans l’entourage de M. Kabila, parlent déjà de repousser l’élection présidentielle à 2019, le pouvoir serait en train d’échafauder un plan pour faire tomber Moïse Katumbi, en l’accusant d’être à l’origine des tensions qui parcourent le pays. Comme si le gouvernement n’y arrivait pas déjà très bien tout seul…

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