Alors que la situation sécuritaire s’est gravement détériorée et que les pourparlers de paix inter-afghans sont enlisés depuis septembre dernier, les États-Unis, inquiets et indécis, tentent une ultime séquence diplomatique qui aura peine à sauvegarder les apparences. Le but est d’un côté le désengagement américain de sa guerre la plus ancienne – bientôt 20 ans -, de l’autre ne pas laisser le gouvernement afghan en prise aux talibans qui pourraient rapidement déborder son armée et arracher le pouvoir.
La tension s’accroît à mesure qu’approche la date du départ des troupes étrangères (10.000 hommes des forces de l’Otan, dont 2.500 américains), prévue au 1e mai par les accords de Doha, signés en février 2020 entre les Américains et les talibans. La situation militaire ne permettant pas mieux, terrible constat d’échec pour tous. Joe Biden, aussi pressé de retirer ses troupes que son prédécesseur Donald Trump, se trouve face à un dilemme qu’il n’a aujourd’hui pas encore résolu. Partir enfin, ou contre toute attente rester afin d’éviter la honte que représenterait une victoire militaire talibane. Une défaite en or, évaluée à 800 milliards de dollars, plombée par 2.400 soldats perdus.
Autre alternative dévoilée en début de semaine, proposée par l’intermédiaire du secrétaire d’État Anthony Blinken : parvenir à un accord qui intégrerait les talibans dans un futur gouvernement inclusif, et ce afin d’obtenir un cessez-le-feu complet et permanent. Le premier vice-président afghan Amrullah Saleh a répondu sèchement : « Ils peuvent prendre une décision sur leurs troupes, mais pas sur le peuple afghan ». De surcroît rien ne garantit que les talibans acceptent la proposition, puisqu’ils ont le vent en poupe sur le terrain militaire. Un porte-parole politique du groupe terroriste a vaguement répondu un « nous aurons une position sur le sujet ».
« Toutes les options sont encore envisagées » a ajouté Blinken. Quant à l’Otan, son secrétaire général Jens Stoltenberg a déclaré le mois dernier, à l’occasion d’une visioconférence entre les 30 pays membres : « Les alliés ne veulent pas rester en Afghanistan au-delà de ce qui est nécessaire, mais nous ne partirons pas avant le moment opportun ». Une rencontre internationale sous l’égide de l’Onu, en présence des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de l’Iran, du Pakistan et de l’Inde, tentera d’ici peu de pousser en avant la solution diplomatique.
G.M.
Crédit photo : Flickr The IED Threat
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