Une pénurie mondiale de composants électroniques affecte les chaînes de production de l’industrie automobile et de la tech. Les problèmes d’approvisionnement connus l’année dernière se sont accentués sous l’effet de facteurs conjoncturels et d’incidents.
Les producteurs, majoritairement situées en Asie, ne parviennent pas à tenir la cadence imposée par une demande croissante. La production a comme les autres été initialement affectée par la pandémie de covid. Mais, en temps de confinements, elle a surtout été prise de court par une croissance importante de la demande en produits tels que les télévisions, ordinateurs et smartphones. La presse économique souligne aussi le rôle joué par la reprise de la demande en Chine, plus rapide et vigoureuse que prévue, tout comme le déploiement de l’infrastructure 5G.
Si on remonte à 2018, le marché des puces informatiques avait été mis sous tension par la guerre commerciale et tarifaire entre les États-Unis et la Chine. Certaines puces fabriquées aux États-Unis ont été interdites d’exportation vers le rival chinois par l’administration Trump. Ce qui, avant la date fatidique d’application, a provoqué des achats massifs pour constituer des stocks de la part d’entreprises chinoises, au premier rang desquelles Huawey.
Le goulot d’étranglement de la production high tech s’est récemment aggravé avec une série d’incidents : au Japon où des incendies ont le weekend dernier partiellement détruit une usine, aux États-Unis aussi après une vague de froid exceptionnelle qui a affecté la production d’énergie. Dans chacun des cas il faut compter au minimum un mois pour que les chaînes de production puissent reprendre. Et les fabricants de ces produits hautement technologiques sont très peu nombreux.
Un enjeu de sécurité nationale
Alors que l’industrie automobile est devenue très dépendante des composants électroniques (une voiture moderne peut en compter plus d’une centaine), elle est affectée par la pénurie. En Europe, en Asie comme en Amérique, de nombreuses grandes marques ont dû ou doivent encore stopper temporairement leurs lignes de production, ou du moins la réduire.
Le Guardian, cité par Courrier International, nous apprend par exemple que Ford vient d’annoncer que « ses bénéfices pourraient subir une baisse allant jusqu’à 2,5 milliards de dollars cette année en raison de la pénurie de puces, tandis que Nissan ralentit la production de ses usines au Mexique et aux États-Unis ». La Tribune informait hier des difficultés du groupe suédois Volvo, qui produira 16.000 camions en moins lors des trois prochains mois.
D’après les analystes les contraintes approvisionnement risquent de durer jusque la fin de l’année. Aux États-Unis, Joe Biden a placé sur la liste des biens jugés « essentiels » les semi-conducteurs, essentiellement fabriqués à Taïwan et en Corée du Sud. En réaction à cette situation de dépendance, Intel annonçait hier investir 20 milliards de dollars dans la construction de deux usines en Arizona, ce qui a été salué comme un progrès pour la sécurité nationale et la résilience des chaînes d’approvisionnement.
G.M.
Crédit photo : Bicanski, pixnio.com
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