Les forêts et le bois, piliers de l’atténuation du changement climatique mondial

Les forêts et le bois, piliers de l’atténuation du changement climatique mondial

À l’occasion de la COP26, l’accord sur la protection des forêts mondiales rappelle leur rôle vital dans la lutte contre le réchauffement climatique. En s’engageant contre la déforestation, la centaine de pays signataires entend renforcer la capacité des forêts à atténuer les conséquences dévastatrices des émissions carbone.

Régulièrement critiquée pour son inefficacité, la grand-messe des chefs d’État sur la question environnementale devrait, cette année, déboucher sur au moins une mesure vraiment concrète. À Glasgow, où se tient la 26e édition de la Conférence des parties (COP26), une centaine de nations représentant 85 % des forêts de la planète se sont engagées, le 2 novembre, à signer un accord pour cesser et inverser la déforestation d’ici 2030. Dossier majeur du rendez-vous planétaire qui se poursuit jusqu’au 12 novembre, ce « Forest Deal » vise notamment les forêts tropicales qui, en Amazonie et dans le bassin du Congo en particulier, continuent de reculer à grande vitesse ce qui met en péril leur rôle d’atténuation. « Ces formidables écosystèmes fourmillants – ces cathédrales de la nature – sont les poumons de notre planète », a rappelé le premier ministre britannique Boris Johnson, qui a qualifié l’événement de « plus grand pas en avant dans la protection des forêts mondiales en une génération ». 

L’enthousiasme et l’habituel sens de la formule de l’ancien maire de Londres n’ont ici rien de disproportionnés, tant il semble important de protéger la capacité des forêts à atténuer les causes du réchauffement climatique. « Les forêts rendent de nombreux services essentiels à la société, explique Jérôme Mousset, directeur Bioéconomie et Énergies renouvelables à l’Agence de la transition écologique (Ademe). Que ce soit au niveau mondial, européen ou national, les forêts sont au cœur des stratégies de protection de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique. Elles en subissent les effets et jouent un rôle majeur pour les atténuer. » Dans son guide sur le sujet, l’Ademe identifie les trois principales fonctions de la forêt pour atténuer le réchauffement de la planète. Elle sert ainsi de réservoir pour stocker le carbone dans la végétation, les sols et les produits du bois, et même de puits qui déleste l’atmosphère de CO2. Enfin, la forêt a un rôle de réduction des émissions d’origine fossile grâce à l’utilisation du bois en substitution d’autres matériaux (ex. : acier, ciment, etc.) et énergies (charbon, pétrole, gaz, etc.) polluants. « Le secteur forêt-bois est stratégique pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 », précisent les auteurs du guide.

Le bois pour réduire la dépendance aux énergies fossiles

Par ses effets de substitution matérielle et énergétique, le bois constitue donc un précieux levier de décarbonation, souligne l’Ademe. Un constat également mis en lumière par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui dans un récent rapport, alertait sur les progrès trop lents du secteur de l’énergie, encore très dépendant des ressources fossiles. Quelques jours avant l‘ouverture de la COP26, l’AIE a ainsi exhorté les gouvernements à redécouvrir les vertus des énergies renouvelables et à accélérer leur développement pour lutter contre le changement climatique et les instabilités géopolitiques. « Le risque de turbulence accrue plane sur les marchés mondiaux de l’énergie », a déclaré Fatih Birol, son président, qui a demandé aux signataires de la COP26 de « faire leur part en faisant des années 2020 la décennie du déploiement massif des énergies décarbonées ». Du fait de leurs capacités de substitution, les atouts de la filière bois-énergie apportent une réponse concrète à ces enjeux. « Le bois réduit nos émissions de GES d’origine fossile et notre dépendance aux ressources non-renouvelables », fait valoir l’Ademe.

En France, l’avenir du bois est d’autant plus prometteur que le potentiel de récolte additionnelle s’élève, dans les 15 prochaines années, entre 7,5 et 20 Mm³ sur les 55,8 Mm³ récoltés chaque année dans les forêts métropolitaines, selon les études citées par l’Ademe. Mais l’effet d’atténuation des forêts reste indissociable de leur gestion durable. Cette combinaison est rendue possible par les efforts des forestiers et leurs gestionnaires publics (ONF) et privés (Coopératives forestières, Experts…)  pour maintenir la biodiversité, la capacité de régénération, la vitalité et les fonctions écologiques, économiques et sociales de la forêt.  La forêt française présente ainsi des indicateurs positifs, et ce en dépit d’effets toujours plus notables du changement climatique sur la santé des arbres. Au cours du XXe siècle, la surface forestière s’est ainsi accrue de près de moitié (6 millions d’hectares) pour couvrir aujourd’hui 16,9 millions d’hectares soit 31% du territoire, tout en préservant la diversité des essences. Résultat : le stock de bois sur pied a augmenté de 50% ces 30  dernières années, passant d’1,8 milliard de mètres cubes sur pied en 1985 à 2,8 milliards de mètres cubes aujourd’hui. Le propre d’une énergie vraiment renouvelable…

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