Une pétition au plus d’un million de signataires pour réclamer le retrait de Tony Blair du très prestigieux ordre de la Jarretière en janvier. Des accusations de fraude fiscale en plein cœur des Panama Papers en octobre. Le couple Blair, qui jouit encore d’un grand prestige en Grande-Bretagne, a connu des jours meilleurs.
La guerre d’Irak, un boulet qui ressurgit
Premier ministre travailliste entre mai 1997 et juin 2007, Tony Blair a été l’une des figures les plus marquantes de la vie politique britannique. Il a même contribué à donner son nom à une voie politique alternative entre le travaillisme et le conservatisme « old school », en fondant le courant blairiste, une forme de social-démocratie à l’anglaise, accordant une très large place au marché et s’imprégnant pleinement des enjeux liés à la mondialisation et à la crise climatique. Une orientation politique qui guide encore aujourd’hui une très large frange du parti travailliste. Il contribue toujours activement à commenter la vie politique nationale, notamment à travers le Tony Blair Institute for Global Changes, dont les avis sont toujours écoutés au plus haut niveau de l’establishment britannique.
Il traîne malgré tout une réputation de va-t-en-guerre à la solde des États-Unis qui, près de vingt ans après l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne contre l’Irak de Saddam Hussein, lui vaut encore une haine farouche d’une partie de la population. En tout et pour tout, l’Angleterre de Tony Blair s’est engagée dans six conflits armés, dont deux fois en Irak en 1998 et en 2003. Un interventionnisme revendiqué conséquence de sa vision des relations internationales, fondées non plus sur l’intérêt supérieur de la Grande-Bretagne, selon la tradition conservatrice, mais sur des principes clairement définis de démocratie et de respect des droits humains. Sa nomination dans l’ordre de la Jarretière, datée du 1er janvier dernier, serait ainsi, selon la militante d’extrême-gauche, Lindsey Germain du mouvement Stop the War Coalition « un coup de poing dans la figure » tant Tony Blair serait « personnellement responsable de la mort d’un grand nombre d’innocents, (qui) devrait (le rendre) responsable de crimes de guerre ».
En effet, entre 100 000 et 1,2 million d’Irakiens auraient perdu la vie pendant la Guerre d’Irak, dont une grande partie de civils. Côté britannique, 179 soldats ont été tués au combat. Les familles des militaires morts sur ces théâtres d’opérations se sont d’ailleurs jointes à la mobilisation, exigeant d’être reçues par le gouvernement britannique pour faire annuler la décision royale. Si l’affaire fait tant de bruit, c’est parce que l’ordre de la Jarretière ne compte que 24 chevaliers et dames compagnons, auxquels s’ajoutent deux membres ex officio, la reine Élisabeth II et le prince de Galles. Mais, malgré le poids de la pétition, Élisabeth II ne semble pas vouloir renoncer à un choix pour lequel elle est pleinement souveraine.
Une villa « acquise » via achetée offshore
En 1994, Tony Blair déclarait vouloir « contrer les abus du système fiscal, (qui peut être) un paradis d’escroqueries, d’avantages et de profits ». Plus de trente après cette déclaration, le couple Blair se trouve empêtré dans un scandale financier d’ampleur international. Aux côtés d’autres personnalités, comme le roi de Jordanie Abdallah II, le président congolais Denis Sassou Nguesso et une pléthore de personnalités politiques européennes de premier plan, le couple Blair n’a en effet pas été épargné par l’ouragan mondial des Panama Papers.
En 2017, Tony et Cherrie Blair aurait utilisé un montage offshore leur permettant d’économiser 380 000 euros d’impôts dans le cadre de l’achat d’une demeure victorienne dans l’un des quartiers les plus chics de la capitale anglaise, dont la valeur est estimée à 7,3 millions d’euros. En réalité, le couple n’a pas directement acheté le bien, mais en a acquis des parts via une société offshore détenue par un ministre du Bahreïn, Zayed Ben Rachid Al-Zayani, et immatriculée aux Îles Vierges britanniques, leur permettant ainsi d’échapper aux très lourds frais de mutation.
La réputation de Cherrie Blair avait, quant à elle, déjà connu quelques atteintes dans le passé. En tant qu’avocate, elle s’était attachée à défendre le régime en place aux îles Maldives, connu pour leurs atteintes répétées aux droits humains. Plus récemment, Cherrie Blair avait aussi publiquement soutenu Marsha Lazareva, une businesswomann accusée de détournement de fonds publics pour avoir volé, avec son associé Saed Dashti, la somme de 496 millions de dollars à deux institutions publiques koweïtiennes, l’Institution publique de sécurité sociale et l’Autorité portuaire du Koweït. Marsha Lazareva et Saed Dashti, qui étaient respectivement présidents de KGL et KGLI ont été condamnés à des peines de prison au Koweït, qui s’est estimé lourdement floué dans cette affaire. Autre scandale en 2005, Cherrie Blair a été accusée d’avoir fait financer ses frais de coiffure par le parti travailliste, pour une somme tout de même estimée à 11 200 euros, soit 358 euros par jours de campagne !
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