De nouvelles interpellations ont eu lieu dans le cadre de graves accusations de corruption à l’encontre de parlementaires européens, notamment en faveur du Qatar. L’affaire a débuté en décembre de l’année dernière avec l’arrestation puis l’incarcération d’Eva Kaili, alors vice-présidente du Parlement européen.
Le groupe social-démocrate au Parlement européen, voire l’institution elle-même, sont de nouveau touchés au cœur après l’interpellation de l’eurodéputé belge Marc Tarabella et de son collègue italien Andrea Cozzolino. Leur immunité parlementaire avait été levée le 2 février par le Parlement, qui souffre de la plus grave affaire jamais révélée. L’élu belge, placé en détention provisoire, a été inculpé pour « corruption », « blanchiment d’argent » et « participation à une organisation criminelle ». De même que ses collègues arrêtés plus tôt cet hiver, il est soupçonné d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent pour favoriser le Qatar, le pays dont le nom revient le plus souvent. D’autres pays comme le Maroc et la Mauritanie sont aussi régulièrement cités. D’importantes ramifications sont en cours d’investigation par un juge belge spécialiste de la criminalité internationale.
De la corruption à la délation : l’itinéraire de l’eurodéputé Panzeri
Avant ces nouvelles arrestations, trois personnes étaient toujours incarcérées dans le dossier. Tout d’abord celle par quoi tout a commencé : l’eurodéputée grecque Eva Kaili. Mais aussi son compagnon et assistant parlementaire l’Italien Francesco Giorgi, ainsi que l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, qui serait à l’origine de l’immense fraude financière et démocratique.
Kaili et Giorgi ont été inculpés eux aussi pour les graves motifs cités plus haut. Plus d’un million et demi d’euros en espèces ont été découverts chez Panzeri et Kaili, qui travaillaient notamment en lien avec la péninsule arabique. Tous sont soupçonnés d’avoir reçu ces sommes en liquide pour influencer les décisions et les prises de parole en faveur de divers États, à commencer par le Qatar et le Maroc, qui ont contesté ces allégations. En janvier, le suspect clé Panzeri a signé un accord pour collaborer avec la justice belge. Selon la presse belge, ce serait lui qui aurait mis en cause Tarabella. Il affirme lui avoir versé entre 120 et 140 mille euros pour des dossiers en lien avec le Qatar.
Valeurs contre « diplomatie du chéquier »
Les institutions européennes, ouvertes à un lobbying intense qui parfois dépasse un cadre légal pourtant laxiste, sont mises sous pression pour faire évoluer leurs règles. « Des experts dans le domaine de la transparence ont exhorté les eurodéputés à faire pression en faveur de réformes internes plus strictes à la suite du scandale du Qatargate. Ils ont en outre souligné que le Qatar n’était pas le seul État à pratiquer la « diplomatie du chéquier« », écrit Euractiv. Une transparence qui doit s’appliquer aux ONG, associations et fondations, dont l’origine des financements et des donateurs est parfois lointaine et obscure, explique un expert au même média (« Qatargate : la transparence sur l’origine des fonds des ONG est cruciale »).
Des réformes ont été annoncées en janvier pour renforcer les contrôles sur les activités de lobbying au sein du Parlement européen. On trouve notamment l’interdiction des « groupes d’amitié » de députés, qui permettent d’entretenir des liens peu transparents avec des pays tiers. À l’heure d’une crise de confiance aiguë envers les institutions européennes, celles-ci ont tout intérêt – non financier celui-ci, mais vital – à entamer un nettoyage profond, sans plus de concessions anti-démocratiques.
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