La conférence de Munich et l’urgence ukrainienne

La conférence de Munich et l’urgence ukrainienne

La 59e conférence de Munich sur la sécurité a réuni du 17 au 19 février une quarantaine de chefs d’État et une centaine de ministres de la Défense ou des Affaires Étrangères. La guerre en Ukraine a été au cœur des interventions, tandis qu’Antony Blinken et le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi ont eu un échange « franc et direct ».

Les pays participants à l’annuelle Conférence de Munich avaient de toute évidence le regard tourné vers le terrible champ de bataille ukrainien et ses réminiscences de guerre mondiale. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau insisté pour recevoir davantage de moyens militaires de la part de ses alliés occidentaux, tandis que les puissances du G7 ont réaffirmé dans un communiqué leur « solidarité inébranlable avec l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire ».

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, qui ne voit pas de possibilité de paix poindre à l’horizon, a déclaré que « nous devons donner à l’Ukraine ce dont elle a besoin pour l’emporter et devenir un pays d’Europe souverain et indépendant ». Il a aussi mis en garde contre une certaine naïveté des pays occidentaux dans les relations internationales : « Il n’y a pas si longtemps, beaucoup disaient que l’importation de gaz russe était un enjeu purement économique. (…) Il ne faut pas commettre les mêmes erreurs avec la Chine et les autres régimes autoritaires ». Naïveté ou grave erreur d’appréciation aussi dans le domaine de la production militaire, rappelait-il avant la conférence. Les stocks de munitions sont à un niveau dramatiquement bas, après des décennies de coupes budgétaires et de désindustrialisation en Europe : aujourd’hui la consommation en munitions des troupes ukrainiennes dépasse pour beaucoup les capacités de production des membres de l’Otan.

Des chars, avant les avions de chasse ?

À Munich le président français Emmanuel Macron a déclaré que « la Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre », mais « il faut préparer dès maintenant les conditions et les termes de la paix ». Cela pourrait impliquer des concessions ukrainiennes une fois les troupes russes anéanties ou chassées. Cependant, dans l’immédiat, l’heure est au renforcement de l’aide fournie aux Ukrainiens. Avant la livraison d’avions de chasse, possiblement en préparation dans les coulisses, il est question des chars d’assaut. Plus particulièrement des Leopard 2. Le chancelier allemand Olaf Scholz a insisté, après avoir longuement hésité à franchir le pas : tous ceux qui ont des Leopard doivent en fournir sans tarder. Pour la version la plus moderne de ce char, cela concerne donc l’Allemagne, mais aussi le Canada, la Pologne, la Norvège et l’Espagne. Une centaine de Leopard 1 seront quant à eux offerts par l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark.

Un inquiétant soutien de la Chine à la Russie

En marge de la conférence, la rencontre bilatérale la plus commentée a été celle entre le secrétaire d’État américain Antony Blinken et son homologue chinois Wang Yi. Selon un porte-parole américain, il a d’abord été question des ballons espions chinois abattus au-dessus du sol américain. Ceux-ci ont lancé un avertissement aux Chinois, tandis que Wang Yi a dénoncé une réaction « absurde et hystérique » et un « usage excessif de la force ». La vice-présidente américaine, Kamala Harris a déclaré que les Américains sont « troublés par le fait que Pékin a approfondi ses relations avec Moscou depuis le début de la guerre ». Antony Blinken nous apprenait aussi dimanche soir que les États-Unis s’inquiètent du fait que «  la Chine envisage de fournir un soutien létal à la Russie », « principalement des armes ». Le chef de la diplomatie chinoise a également rencontré en tête à tête son homologue japonais Yoshimasa Hayashi, qui a « exhorté la Chine à réagir à la situation en Ukraine en grande puissance responsable ». À l’heure de tensions ravivées entre ces deux nations, les diplomates se rencontreront de nouveau cette semaine pour des entretiens bilatéraux.

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